Analyses
L’incertitude entourant les droits de douane engendre un trimestre solide pour les marchés émergents
|
|
Aperçu de l'article
|
• |
août 08, 2025
|
|
août 08, 2025
|
L’incertitude entourant les droits de douane engendre un trimestre solide pour les marchés émergents |
| 1 | Les marchés de la dette des marchés émergents ont enregistré une solide performance au deuxième trimestre, grâce à l'affaiblissement du dollar qui a amélioré les devises, tandis que le crédit souverain s'est resserré et les taux des marchés émergents ont surperformé les taux mondiaux. |
|
| 2 | L'incertitude tarifaire semble désinflationniste dans les pays émergents, ce qui donne aux banques centrales des pays émergents la possibilité de continuer à baisser leurs taux. Nous considérons que l’affaiblissement continu du dollar constitue un élan pour le secteur. |
|
| 3 | Au troisième trimestre, nous constatons toujours une forte valeur dans la dette émergente. Dans cet environnement, nous pensons que la valeur est mieux identifiée grâce à la recherche macroéconomique et politique au niveau des pays et à l'analyse autonome des facteurs de risque tels que les devises, le crédit et les taux d'intérêt. |
Les marchés de la dette émergente ont affiché de solides performances au deuxième trimestre grâce aux contributions positives de la plupart des facteurs de risque qui conditionnent les performances des segments de la dette souveraine émergente en monnaie locale, de la dette souveraine émergente en devise forte et des obligations d’entreprises des marchés émergents. La dépréciation du dollar a dopé les devises émergentes, le crédit souverain s’est contracté et les taux des pays émergents ont surperformé les taux mondiaux.
Les annonces sur les droits de douane du Président Trump lors du « Liberation Day » du 2 avril ont fait la une des journaux pendant la majeure partie du trimestre et ont initialement déclenché une volatilité considérable sur les marchés mondiaux, y compris les marchés émergents. Comme c’est souvent le cas avec les corrections déclenchées par les facteurs macroéconomiques, le marché a tendance à « corriger excessivement ». Ainsi, malgré l’élargissement initial de la plupart des spreads du crédit souverain, beaucoup ont retrouvé leur niveau lorsque Donald Trump a suspendu les droits de douane pendant 90 jours et lorsque la volatilité a diminué.
Alors que les droits de douane ont généralement pour effet d’apprécier le cours de la devise du pays qui les impose, ils ont dans le cas américain assombri les perspectives économiques et œuvré contre le dollar. En conséquence, les investisseurs ont cherché des opportunités d’investissement mondiales et ont pris des positions vendeuses sur le dollar, ce qui a renforcé la pression baissière sur la devise.
Les afflux vers la classe d’actifs au cours du trimestre ont souligné cette tendance. Bien que les flux aient été globalement négatifs, les fonds en monnaie locale ont enregistré des afflux de capitaux nets positifs de 1,4 milliard USD, contre 5,1 milliards USD pour les fonds en devise forte, qui sont libellés en dollar. Dans ces deux catégories de fonds, les sorties de capitaux ont été importantes en avril, mais sont devenues positives en mai et en juin.
Pression à la baisse sur les taux
L’incertitude liée aux droits de douane a également exercé une pression baissière sur les taux d'intérêt des marchés émergents, les annonces de M. Trump ayant agi comme un « choc désinflationniste » sur ces marchés, et les prévisions du consensus concernant la croissance et l’inflation de ces marchés ont été revues à la baisse. Alors que la Réserve fédérale américaine a maintenu ses taux inchangés en juin, les banques centrales des marchés émergents ont continué de les abaisser, tout comme la BCE et plusieurs banques centrales des marchés développés.
Les investisseurs dans la dette des marchés émergents ont également semblé ignorer de la guerre commerciale potentielle entre les États-Unis et la Chine. Alors que de nombreux pays ont tenté de négocier avec les États-Unis après la salve de droits de douane de Donald Trump, la Chine a répondu par l’imposition de droits de douane réciproques, menaçant d’imposer des taux de 125% sur les marchandises américaines contre 145% sur les marchandises chinoises par les États-Unis, avant qu’une trêve ne soit décidée. Mais les tensions demeurent, les deux pays s’accusant mutuellement de violer cette trêve.
Dans la même veine, la violence persistante au Moyen-Orient et en Europe n’a pas considérablement secoué les marchés mondiaux, même si des cessez-le-feu en Ukraine et à Gaza se sont avérés difficiles à obtenir. Israël a rendu les marchés mondiaux nerveux à cause de sa guerre de 12 jours contre l’Iran en juin. Malgré l’intensification de ce conflit avec les frappes aériennes américaines sur les installations nucléaires iraniennes, un cessez-le-feu a été convenu et a été généralement respecté. Après un pic des prix du pétrole qui a précédé le conflit, les cours sont ressortis en fin de mois inférieurs à leur niveau du début de trimestre.
L’Illustration 1 montre la performance des trois secteurs de la dette émergente, l’indice en devise locale affichant une performance particulièrement soutenue de 7,62%. Comme nous l’avons indiqué, les devises ont été le principal moteur de performance, les taux des marchés émergents ayant également contribué positivement. L’indice des obligations souveraines en devise forte a signé une performance de 3,32%, la compression des spreads contribuant aux deux tiers de ce gain, y compris les crédits de qualité inférieure comme ceux de l’Équateur, du Ghana et de l’Égypte. L’indice des obligations d’entreprises en devise forte a enregistré une performance de 1,58%, bénéficiant du recul des taux des bons du Trésor américain et du resserrement des spreads souverains.
Source : J.P. Morgan, calculs réalisés par Morgan Stanley Investment Management. Au 30 juin 2025. Les attributions de performance des spreads des obligations d’entreprises et des spreads du crédit souverain sont modélisées en distinguant la performance globale des spreads entre ses deux composantes : le spread souverain et le spread des obligations d’entreprises par rapport à la dette souveraine. Il n’est pas possible d’investir directement dans un indice. Les données fournies le sont uniquement à titre d’information. La performance passée n’est pas un indicateur fiable des performances futures.
Perspectives du 3ème trimestre 2025
La politique américaine en matière de droits de douane devrait demeurer un facteur imprévisible, d’autant que la pause de 90 jours fixée par Donald Trump arrive à expiration et que les négociations bilatérales se poursuivent activement. L’impact inflationniste potentiel aux États-Unis reste incertain, et la Réserve fédérale américaine (Fed) surveille attentivement les signes de pression sur les prix tout en résistant à la pression exercée par Donald Trump pour baisser les taux d’intérêt.
Mais en dehors des États-Unis, l’incertitude concernant les tarifs douaniers semble désinflationniste, donnant aux banques centrales des marchés émergents la possibilité de continuer à réduire leurs taux. Si les prévisions de croissance et d’inflation des pays émergents sont toutes deux en baisse par rapport à un an auparavant, nous estimons que la dépréciation continue du dollar constitue un facteur de soutien de la classe d’actifs. Les afflux de capitaux des investisseurs sont également susceptibles d’être favorables, prolongeant les entrées de capitaux vers les fonds en devise locale et forte que nous avons observées en mai et en juin. À notre avis, cette tendance témoigne de l’évolution du sentiment des investisseurs mondiaux, qui s’éloigne de la croyance en l’« exceptionnalisme américain » au profit d’un ensemble d'opportunités de plus en plus attractives sur les marchés émergents.
Sur les plus de 100 pays de l’univers des marchés émergents, beaucoup échangent peu avec les États-Unis et seront moins directement affectés par les droits de douane, mais d’autres le seront davantage. Cet environnement souligne l’importance de la recherche macroéconomique et politique au niveau des pays et de l’analyse indépendante des facteurs de risque spécifiques tels que la devise, le crédit et les taux d'intérêt.
Conclusion : Au troisième trimestre, nous sommes d’avis que la dette émergente recèlera encore un potentiel haussier significatif malgré sa robuste performance du premier semestre. Tout d’abord, les écarts de rendement réel restent importants et en faveur des marchés émergents par rapport aux marchés développés. Les émetteurs émergents représentent un ensemble d'opportunités en expansion, en particulier ceux qui n’entrent pas dans la composition des principaux indices de référence, mais qui nécessitent une expertise analytique significative pour identifier les meilleures opportunités. Comme toujours, nous continuerons de nous concentrer sur la différenciation entre les pays et les crédits, estimant qu’il s’agit du meilleur moyen d’ajouter de la valeur sur les marchés émergents pour le compte de nos clients.