Analyses
Dans l’expectative
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Global Fixed Income Bulletin
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décembre 17, 2024
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décembre 17, 2024
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Dans l’expectative |
Dans le sillage de l’envolée immédiate des rendements déclenchée par l’élection de Donald Trump et la victoire écrasante des républicains lors des dernière élections, les marchés des emprunts d’état ont renoué avec une certaine normalité. En fin de mois, les rendements des emprunts d’état mondiaux s’inscrivaient en baisse, sous l’impulsion du marché allemand (-30 pb pour le rendement des Bunds à 10 ans). Les rendements des Gilts britanniques à 10 ans et des bons du Trésor américain à 10 ans ont suivi une tendance similaire (-20 pb et -12 pb, respectivement). Le dollar américain a fait preuve de vigueur au cours du mois, en surperformant de 1,7 % un panier composé d’autres devises.
Les emprunts d’état des marchés émergents en devises locales ont surperformé leurs homologues des marchés développés, avec une baisse généralisée des rendements. Seul le Brésil a fait exception, avec une hausse marquée de son taux à 10 ans (+62 pb).
Sur le marché des obligations d’entreprise, les spreads se sont resserrés aux États-Unis (-16 pb pour les obligations High Yield et -6 pb pour les titres investment grade). À l’inverse, ils se sont écartés sur les marchés européens (+11 pb pour les obligations High Yield et +4 pb pour les titres investment grade). Les spreads des MBS d’agence et des titrisations se sont également resserrés au cours du mois.
Perspectives des marchés obligataires
Après des mois de septembre et d’octobre agités, les rendements obligataires se sont stabilisés et se sont même resserrés en novembre, malgré la victoire écrasante inattendue des républicains aux élections américaines. Le rendement des bons du trésor américain à 10 ans a baissé de 12 pb sur la période, moins cependant que ceux des emprunts d’état européens. Cette tendance généralisée marque d’une certaine manière un retour à la normale puisque le rapport sur l’emploi aux États-Unis s’est révélé moins bon que prévu et que la Fed a encore réduit ses taux de 25 pb lors de la réunion de son Comité de politique monétaire (FOMC) de novembre. Toutefois, l’inflation, en particulier aux États-Unis, s’est avérée relativement tenace ces derniers temps et a sapé l’optimisme du marché quant aux baisses des taux anticipées pour 2025. Les obligations ont toutefois enregistré des performances solides après un mois d’octobre très décevant, avec une contribution notamment positive des marchés du crédit américains.
Les rendements américains ont fait preuve de résilience après les élections, malgré les craintes inflationnistes suscitées par les droits de douane envisagés par les Républicains après leur victoire totale. Les rendements américains ont d’abord augmenté après le scrutin, avant de se stabiliser puis de renouer avec leur niveau le plus faible depuis la mi-octobre. Plusieurs facteurs ont joué un rôle, notamment l’assouplissement de la politique de la Fed et la remontée paradoxale des rendements depuis le début du cycle de baisse des taux américains en septembre. Cette situation n’étant pas habituelle, la tendance du mois de novembre, qui a montré que le marché hésitait à propulser les rendements du Trésor américain à 10 ans au-dessus de 4,5 %, a eu un impact marqué.
En outre, la conjoncture économique en dehors des États-Unis ne s’est globalement pas améliorée. La menace des droits de douane américains, en particulier en Europe, déjà fragilisée par les conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine et par le ralentissement économique chinois, a poussé les marchés à augmenter le nombre de baisses de taux anticipées de la part de la Banque centrale européenne (BCE). Cette situation contraste fortement avec le marché obligataire américain, où l’ampleur de l’assouplissement monétaire attendu de la part de la Fed a nettement diminué. Actuellement, la probabilité d’une baisse des taux en décembre n’est plus que de 50/50, alors qu’elle était auparavant de 75/25 en faveur d’une baisse. Ainsi, les baisses de taux de la Fed (même si les attentes ont diminué), le fléchissement de la croissance, les bonnes performances des obligations (hors États-Unis) et le soutien technique autour de 4,5 % des taux des bons du Trésor américain à 10 ans, ont entraîné une stabilisation du marché et un rebond modeste.
Les rendements américains devraient toutefois rester dans une fourchette étroite lors des prochains mois. En effet, les marchés vont tenter de décrypter l’état réel de l’économie (croissance, chômage et inflation) et l’ampleur probable des politiques de la nouvelle administration, tout en surveillant la réaction potentielle de la Fed à tous les facteurs mentionnés. L’augmentation des droits de douane pourrait avoir un effet inflationniste et freiner la croissance (comme en 2018/2019), tout comme la réduction des flux migratoires. Cependant, d’autres politiques pourraient donner un coup de fouet à la croissance. L’augmentation de la productivité qui semble à l’œuvre aux États-Unis, si elle se poursuit, pourrait se traduire par une croissance vigoureuse non inflationniste. Nous anticipons une accélération de la croissance à moyen terme. Cependant, l’enchaînement des politiques et la réaction des autres devises seront essentiels pour comprendre les interactions entre la croissance, l’inflation et les réponses de la Fed. Certaines banques centrales, comme la BCE et la Banque du Canada, pourraient accélérer leurs baisses de taux, tandis que d’autres, comme la Banque du Mexique et d’autres des marchés émergents, sont susceptibles d’interrompre ou de ralentir leur politique d’assouplissement face aux incertitudes persistantes et à la vigueur du dollar. En résumé, nous n’avons pas d’opinion arrêtée concernant les perspectives à court terme des rendements américains. Le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans devraient selon nous évoluer entre 4 et 4,5 % et les baisses de taux ne devraient pas être supérieures à celles actuellement anticipées par les marchés. La courbe des taux américains étant toujours globalement très plate, nous évitons toujours les obligations à duration longue, et cherchons à exploiter les rendements globalement plus attractifs en dehors des États-Unis.
Les marchés du crédit bénéficient de solides facteurs de soutien et cette tendance devrait se poursuivre. En novembre, les spreads de crédit se sont à nouveau resserrés aux États-Unis sous l’effet des achats d’obligations des investisseurs, qui ont été rassurés par le programme républicain, les bonnes performances de l’économie américaine et le niveau élevé des rendements. Plusieurs tendances devraient perdurer, notamment la politique monétaire, la vigueur de la croissance américaine et la solidité des fondamentaux des entreprises (tant pour les émetteurs Investment Grade que High Yield). Si, comme nous le supposons, l’administration républicaine met plus ou moins en œuvre son programme (probablement via une déréglementation et des baisses d’impôts plutôt que des mesures commerciales), les entreprises américaines devraient continuer à enregistrer des performances solides, ce qui soutiendra les spreads de crédit. À l’inverse, les spreads de crédit européens se sont creusés en novembre en raison de la détérioration des fondamentaux économiques et des inquiétudes suscitées par les politiques commerciales de Donald Trump.
Toutefois, l’impact à plus long terme des politiques du parti républicain est moins évident. La multiplication des opportunités d’investissement et une plus grande marge de manœuvre sur le plan réglementaire entraînent souvent des comportements plus risqués et un endettement accru, ce qui n’est généralement pas favorable aux créanciers. Les spreads de crédit étant très serrés (onéreux par rapport aux niveaux historiques, sans pour autant être surévalués), certaines opportunités restent intéressantes, mais nous ne tablons pas sur des performances particulièrement élevées. Compte tenu des valorisations actuelles, la sélectivité semble de mise. Nous nous efforçons d’éviter les entreprises et les secteurs les plus en difficulté, tout en augmentant autant que possible le rendement du portefeuille sans prendre de risques excessifs. Le niveau absolu des rendements est satisfaisant, malgré l’incertitude suscitée par les futures politiques de l’administration Trump, en particulier à moyen terme. En dépit de spreads historiquement serrés, les rendements (en combinant les spreads avec le rendement sans risque des bons du Trésor américain) affichent un niveau favorable sur un plan historique. En termes de risque, rien n’augure vraiment un élargissement marqué des spreads si la croissance économique reste décente et si les banques centrales continuent à baisser leurs taux. Toutefois, compte tenu de leur niveau actuel, il semble difficile d’anticiper un nouveau resserrement marqué des spreads. Par ailleurs, les acheteurs en quête de rendement devraient limiter l’élargissement des spreads. Nous continuons à surpondérer le crédit au sein de nos portefeuilles avec un léger biais en faveur des émissions de plus grande qualité. Malgré leur sous-performance en novembre, nous continuons à identifier des opportunités plus intéressantes sur de nombreuses sociétés américaines et banques européennes émettant des obligations libellées en euros.
Compte tenu des turbulences et des incertitudes à l’échelle mondiale, nous continuons à penser que le crédit titrisé, et notamment les MBS américains, offre toujours les opportunités les plus intéressantes. Les ménages américains bénéficiant d’une bonne notation de crédit présentent des situations financières solides, ce qui devrait continuer à soutenir le crédit à la consommation et les autres types de crédit, d’autant plus que les prix de l’immobilier restent bien orientés et que le taux de chômage demeure faible. L’évolution de la politique fiscale américaine devrait également s’avérer favorable. Les MBS d’agences à coupon élevé restent plus attractifs que les obligations d’entreprises investment grade et ils devraient selon nous surperformer les bons du Trésor américain. Comme pour notre positionnement sur la dette d’entreprise, nous cherchons à améliorer la qualité de notre exposition au crédit titrisé au détriment des structures non-américaines, en raison de spreads resserrés et de risques macroéconomiques accrus en Europe. Les titres adossés à des créances commerciales (CMBS) constituent l’un des segments du crédit titrisé le plus vulnérable à un éventuel changement de cap de la Fed. Si les taux d’intérêt ne baissent pas autant que prévu, le refinancement de nombreuses transactions dédiées à l’immobilier de bureaux américain pourrait devenir compliqué, ce qui nous incite à rester à l’écart de ce segment.
Les obligations des marchés émergents ont peu de chances d’enregistrer des performances très positives sous l’égide d’une administration républicaine/d’une présidence de D. Trump. L’accélération de la croissance américaine, des taux durablement plus élevés et une détérioration des échanges commerciaux mondiaux ne sont généralement pas propices à une bonne performance des marchés émergents. Certains des commentaires de Donald Trump sur les BRIC laissent augurer un environnement potentiellement volatile que ces pays devront gérer dans les années à venir. Cela dit, nous sommes convaincus que les pays dotés de perspectives économiques solides, d’une croissance satisfaisante, d’une inflation en baisse et d’une banque centrale capable et désireuse de réduire les taux d’intérêt malgré la réorientation des politiques aux États-Unis sont susceptibles d’enregistrer de bonnes performances. La sélection des pays et des titres reste essentielle. Nous restons à l’écart des obligations mexicaines et brésiliennes, car leurs marchés sont confrontés à l’incertitude politique (Mexique), aux risques budgétaires (Brésil), et dans les deux cas restent sous la menace des politiques de Donald Trump. Certains des pays à haut rendement ayant des liens commerciaux plus faibles avec les États-Unis, comme l’Égypte, sont susceptibles de générer de meilleures performances.
Sur le marché des devises, les perspectives du dollar sont toujours aussi solides depuis l’élection américaine. Même s’il semble proche de ses plus hauts historiques, le billet vert bénéficie de fondamentaux qui demeurent robustes. L’assouplissement de la politique budgétaire, le resserrement de la politique monétaire (par rapport aux anticipations antérieures), les guerres commerciales et l’accélération de la croissance américaine sont de bon augure pour la devise américaine. Malgré de telles perspectives, le dollar pourrait pâtir d’une détérioration du marché du travail et des moindres signes laissant présager des baisses de taux agressives de la part de la Fed. Une nouvelle détérioration donnerait à la Fed la possibilité de continuer à réduire ses taux tant que le programme de Donald Trump ne perturbe pas la trajectoire de l’inflation. L’économie américaine bénéficie d’excellents fondamentaux, qu’il s’agisse de la trajectoire de sa croissance, de la productivité, des bénéfices et du niveau des rendements. Les autres pays auront du mal à offrir un soutien à leurs devises aussi fort que celui dont bénéficie le dollar américain, en particulier avec une administration républicaine qui entend mettre en œuvre des droits de douane plus élevés. La barre sera donc très haute pour les autres devises pour rivaliser sur le plan des fondamentaux.
Taux et devises des marchés développés
Analyse mensuelle :
L’élection présidentielle américaine a comme prévu été le principal événement du mois de novembre sur le plan macroéconomique. Les rendements obligataires ont augmenté lors de la première moitié du mois. Les marchés ont en effet dû intégrer les risques inflationnistes que pourrait entraîner le programme du président-élu Donald Trump, notamment les droits de douane sur les principaux partenaires commerciaux et une baisse des impôts. Et pourtant, le rapport sur l’emploi aux États-Unis s’est révélé décevant, avec seulement 12 000 emplois supplémentaires en octobre et une révision à la baisse de 112 000 unités pour les deux mois précédents. Le ralentissement de la croissance de l’emploi a été plus marqué que prévu, mais les investisseurs n’ont pas interprété cette tendance comme un signe de faiblesse sous-jacente du marché du travail. Les données ont probablement été affectées par des perturbations induites par les conditions météorologiques et plusieurs mouvements de grève. En outre, la plupart des données économiques américaines se sont révélées plus élevées que prévu et les données sur l’inflation témoignent de pressions constantes sur les prix dans le secteur du logement. Lors de la seconde moitié de novembre, les rendements obligataires ont effacé leur hausse du début de mois. Les bons du Trésor américain se sont en effet alignés sur les autres marchés souverains, dont les rendements obligataires avaient chuté en réponse à la dégradation des données sur la croissance.
En zone euro, les données économiques se sont encore détériorées. Les indices PMI du mois de novembre ont montré que les secteurs manufacturiers, dans tous les grands pays à l’exception de l’Espagne, continuaient de se contracter, et - chose plus surprenante - que les conditions dans le secteur des services s’étaient également beaucoup détériorées. Les marchés se sont mis à anticiper une baisse de 50 points de base des taux de la BCE en décembre, dans le sillage de données d’inflation inférieures aux anticipations, notamment en Allemagne et en France.
Sur le marché des changes, le dollar américain s’est encore apprécié par rapport aux principales devises lors de la première moitié du mois. Les différentiels de taux se sont creusés et les investisseurs ont commencé à évaluer l’impact probable des droits de douane sur les échanges commerciaux. L’indice du dollar a atteint des niveaux inédits depuis 2022. Lors de la seconde moitié du mois, cependant, la baisse des rendements américains et le positionnement massif des investisseurs ont commencé à peser sur la vigueur du dollar, ce dont le yen japonais a particulièrement bénéficié.
Perspectives :
Nous sommes globalement neutres en matière de duration dans les pays développés, à l’exception du Japon, et conservons des positions en anticipation d’une pentification des courbes de taux, en particulier aux États-Unis. Nous continuons à sous-pondérer la duration américaine par rapport au Royaume-Uni et à la Nouvelle-Zélande, car les valorisations des bons du Trésor américain semblent élevées par rapport à d’autres marchés, sur fond de croissance économique vigoureuse aux États-Unis. Nous sommes désormais neutres vis-à-vis des bons du trésor américain par rapport aux emprunts d’États canadiens. Nous restons également sous-exposés aux emprunts d’État japonais et conservons une position longue sur les points morts d’inflation japonais. Nous pensons en effet que l’inflation japonaise est structurellement plus élevée et qu’elle incitera la Banque du Japon à relever ses taux à un niveau plus élevé que ce que le marché anticipe actuellement. Nous restons optimistes à l’égard du dollar australien par rapport au dollar canadien, et privilégions le yen par rapport à l’euro.
Taux et devises des marchés émergents
Analyse mensuelle :
La dette émergente a enregistré des performances contrastées en novembre. Les taux se sont inscrits en hausse aux États-Unis après le résultats des élections présidentielles. Ils sont restés élevés pendant la majeure partie du mois, mais ont terminé la période à un niveau inférieur à celui pré-scrutin. Le dollar américain s’est également apprécié au cours du mois. Les devises des pays émergents ont globalement corrigé, les spreads de crédit souverain se sont comprimés et ceux de la dette d’entreprise sont restés stables. La livre turque a été l’une des rares devises à s’apprécier à la faveur du relèvement de la notation de crédit du pays par S&P et du cinquième mois consécutif de baisse de l’inflation. Lors du premier tour de l’élection présidentielle en Roumanie, un candidat relativement inconnu, d’extrême droite et pro-russe, Calin Georgescu, a remporté une victoire inattendue. S’il remporte le second tour début décembre, le pays risque de s’éloigner de l’Occident et l’équilibre politique en Roumanie de pencher vers l’extrême droite. Le leu roumain s’est déprécié au cours du mois. Le Sri Lanka a annoncé un échange d’obligations qui constitue une étape importante pour mener à bien la restructuration de sa dette. Cette restructuration sera cruciale pour la reprise de l’économie. Les flux d’investissement sont devenus fortement négatifs, en particulier pour les fonds en devises fortes, le marché préférant se détourner de la classe d’actifs à la suite du résultat de l’élection américaine.
Perspectives :
Les résultats de l’élection américaine ont été sources de volatilité et le marché estime désormais qu’une présidence de Donald Trump serait néfaste pour les marchés émergents. Toutefois, les futures politiques de l’administration Trump ne sont pas claires et l’incertitude plane autour des promesses de campagne. Alors que notre univers d’investissement est composé de plus de 100 pays, tous ne subiront pas dans les mêmes proportions les futures politiques commerciales des États-Unis. Certains en bénéficieront, d’autres pas, mais ce sont surtout les fondamentaux individuels qui continueront à dicter les performances. En outre, les prix des actifs des marchés émergents semblent bon marché par rapport à ceux des marchés développés. Même sur les marchés du crédit souverain et de la dette d’entreprise, où les spreads sont proches des moyennes à long terme, les pays hors indice de référence et les pays en cours de restructuration pourraient voir leurs spreads se contracter. En privilégiant les pays qui améliorent la qualité de leurs institutions et mettent en œuvre des politiques saines, il sera possible d’accroître la valeur des actifs en portefeuille, malgré les incertitudes entourant la politique de la Fed et les élections américaines.
Obligations d’entreprises
Analyse mensuelle :
Les actifs risqués européens ont sous-performé leurs homologues américains en novembre, plombés par l’environnement politique. Aux États-Unis, Donald Trump et le parti républicain ont enregistré une victoire écrasante, en Allemagne, la coalition des « red sweep » s’est effondrée et en France, le gouvernement de Michel Barnier était très menacé. Les dernières données économiques témoignent d’un affaiblissement de l’Europe et d’un renforcement des États-Unis, avec une inflation en repli des deux côtés de l’Atlantique. Le compte rendu de la dernière réunion de la BCE a montré que le Conseil de politique monétaire était optimiste quant aux perspectives de désinflation, et le FOMC a abaissé le taux directeur américain de 25 pb lors de sa réunion de novembre, conformément aux attentes. La saison de publication des résultats des entreprises au troisième trimestre est arrivée à son terme. La plupart des prévisions annuelles ont été maintenues et nous n’avons constaté aucun changement majeur en termes d’allocation de capital. Quelques exceptions néanmoins, comme les secteurs de l’automobile et du luxe, qui ont publié des résultats inférieurs aux attentes. Les entreprises du secteur des services aux collectivités ont annoncé des résultats stables, avec des prévisions révisées globalement à la hausse. Les banques ont fait état de résultats solides et d’un renforcement de leurs fonds propres, malgré une baisse des marges d’intérêt nettes dans certains pays. Enfin, les émissions primaires ont été légèrement inférieures aux attentes, à 47 milliards d’euros, ce qui constitue un facteur de soutien technique. La collecte de la classe d’actifs est restée solide, les investisseurs appréciant toujours le rendement global offert par le crédit IG.
Les marchés américain et mondial du High Yield se sont inscrits en hausse en novembre et le spread moyen sur le marché américain du haut rendement est retombé à des niveaux inédits depuis la crise financière mondiale. L’appétence pour le risque a été particulièrement marquée lors de la seconde moitié du mois, le résultat de l’élection présidentielle ayant dissipé les incertitudes politiques aux États-Unis. Les performances ont été soutenues par une nette baisse des émissions, une forte demande de la part des clients particuliers et des institutionnels, des défauts modestes et assez peu d’initiatives de gestion du passif. Les segments de moindre qualité ont globalement surperformé au cours du mois, alors que le segment BB, de meilleure qualité et à duration plus longue, a fini par surperformer en fin de mois, dans le sillage de la baisse des rendements des bons du Trésor américain.
Les obligations convertibles mondiales ont tiré leur épingle du jeu en novembre. Ce sont surtout les émetteurs américains de petite et moyenne capitalisation ainsi que les sociétés de crypto-monnaies qui ont alimenté les performances, puisqu’ils devraient largement bénéficier de la victoire des Républicains à la Maison Blanche et aux deux chambres du Congrès. La classe d’actifs a surperformé les obligations mondiales sur la période, mais a été légèrement devancée par les actions mondiales. Les nouvelles émissions ont de nouveau été importantes en novembre, sous l’impulsion des États-Unis. En outre, plusieurs émetteurs liés aux crypto-monnaies, comme MicroStrategy Inc. et MARA Holdings, ont sollicité le marché pour profiter de l’envolée des crypto-monnaies en novembre. Les émissions ont atteint 11,5 milliards de dollars au cours du mois, ce qui porte à 105,8 milliards de dollars le montant total émis depuis le début de l’année. Cela représente une augmentation de 40 % par rapport à la même période en 2023.1
Perspectives :
Notre scénario central reste optimiste vis-à-vis du crédit et repose sur l’anticipation d’un « soft landing », des politiques budgétaires sources de croissance, d’emploi et de consommation, et des fondamentaux d’entreprise solides. La diminution des émissions brutes au quatrième trimestre et la quête de rendement global offert par les titres IG devraient créer une dynamique positive sur le plan technique. S’agissant des spreads de crédit, nous estimons que le marché recèle d’opportunités mais nous considérons que le portage est le principal moteur de performance. Toutefois, compte tenu de l’incertitude du contexte à moyen terme, nous ne parions pas sur un resserrement important des spreads.
Nos perspectives concernant le marché High Yield sont globalement favorables. Bien que la probabilité d’un soft landing ait augmenté, la plupart des acteurs du marché semble partager cette conviction et les prix avaient l’air de quasiment refléter ce scénario à fin novembre, avec des spreads moyens ayant renoué avec les plus bas d’avant la crise financière mondiale. Les catalyseurs susceptibles de modifier ce scénario restent présents et retiennent notre attention, en essayant de toujours positionner notre stratégie pour surperformer même en cas de détérioration des conditions de marché. Ces catalyseurs incluent les effets retardés des politiques restrictives, des conditions économiques, de la santé des consommateurs et de la santé fondamentale des émetteurs High Yield. Malgré un spread moyen proche des plus bas observés après la crise financière mondiale, le marché bénéficie toujours d’un rendement moyen très attractif qui reste supérieur à 7 %.2
Nous restons optimistes sur le marché des obligations convertibles mondiales à mesure que le Q4 avance. Les obligations convertibles mondiales présentent actuellement un profil équilibré traditionnel, caractérisé par un bon potentiel de participation à la hausse des actions et sa capacité à réduire le risque baissier des obligations. Les nouvelles émissions ont été solides et nous pensons qu’elles le resteront malgré les baisses des taux d’intérêt des banques centrales, la volatilité potentielle provoquée par les élections américaines et les tensions géopolitiques croissantes. Compte tenu d’un profil de performance asymétrique plus traditionnel et de la dynamique persistante attendue des nouvelles émissions, nous sommes optimistes quant aux perspectives des obligations convertibles mondiales pour le début d’année qui approche.
Titrisation
Analyse mensuelle :
En novembre, les spreads des MBS d’agences américaines se sont resserrés de 16 pb et sont maintenant plus élevés d’environ 1 pb depuis le début de l’année, à +138 pb, par rapport aux bons du Trésor américain. Compte tenu du resserrement important des spreads sur d’autres segments du crédit, les MBS d’agences restent l’un des seuls segments obligataires affichant des valorisations attractives. Les avoirs en MBS de la Fed ont diminué de 17 milliards de dollars en novembre, à 2 241 milliards de dollars. Ils ont diminué de 455 milliards de dollars par rapport à leur pic de 2022. Après plusieurs mois consécutifs d’augmentation, les avoirs des banques américaines en MBS ont légèrement diminué de 5,8 milliards de dollars pour retomber à 2 650 milliards de dollars en novembre. Ils sont toujours en baisse d’environ 322 milliards de dollars depuis le début de l’année 2022.3 Les spreads de crédit titrisés n’ont guère évolué en novembre, tandis que ceux des titres d’entreprises et des MBS d’agences se sont resserrés. Les émissions titrisées ont ralenti à l’approche des fêtes de fin d’année et de nombreux émetteurs ont préféré rentrer sur le marché avant les élections. Cette offre a été bien absorbée et a bénéficié d’une demande dynamique. Depuis le début de l’année, le crédit titrisé surperforme la plupart des autres segments de marché présentant une qualité de crédit comparable, en raison du portage des flux de trésorerie et d’une duration plus courte en termes de taux d’intérêt.
Perspectives :
Les spreads des MBS d’agences américaines devraient évoluer dans une fourchette étroite après leur resserrement suite à l’élection présidentielle, la volatilité ayant nettement diminué. Nous pensons également que les spreads du crédit titrisé vont se stabiliser à leurs niveaux actuels. La demande reste globalement soutenue, mais nous pensons qu’un nouveau resserrement des spreads est peu probable. Les segments du crédit titrisé ont figuré parmi les plus performants en 2024 et la normalisation récente de leurs performances devrait selon nous se poursuivre dans les mois à venir. En outre, nous pensons que les taux vont probablement continuer à évoluer dans la fourchette étroite lors du dernier mois de 2024 et au début de 2025. Lors des prochains moins, c’est surtout le portage des flux de trésorerie qui alimentera les performances. Les niveaux actuels des taux demeurent inquiétants pour de nombreux emprunteurs et vont continuer de pénaliser la situation financière des ménages, ce qui engendrera des tensions sur certains ABS du secteur de la consommation, notamment ceux impliquant des emprunteurs à faibles revenus. L’immobilier commercial est également confronté à des difficultés liées aux taux de financement actuels. Les RMBS demeurent notre segment préféré car nous n’hésitons pas à nous exposer à l’ensemble du spectre du crédit. Parallèlement, nous restons plus prudents vis-à-vis des ABS et des CMBS moins bien notés. Nous restons légèrement optimistes sur les valorisations des MBS d’agences qui sont attractives par rapport aux spreads des obligations d’entreprises investment grade et aux spreads historiques des MBS d’agences.