Analyses
Perspectives 2022 de l’immobilier mondial : la philosophie d’investissement de fin de cycle est en avance
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2022 Outlook
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janvier 14, 2022
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Perspectives 2022 de l’immobilier mondial : la philosophie d’investissement de fin de cycle est en avance |
L’année 2021 a été le théâtre de la reprise économique la plus rapide que les États-Unis aient connue en quatre décennies. En conséquence, l’inflation a culminé à un niveau inédit depuis les années 1970 et les marchés sont divisés entre la nécessité d’augmenter les taux d’intérêt pour freiner la croissance des prix et le maintien des mesures de soutien de l’économie pour parvenir à un plein emploi durable. Dans le même temps, les fondamentaux immobiliers ont connu une accélération foudroyante avec une augmentation de 20 % des loyers en moyenne sur les marchés résidentiels et industriels américains sur fond de taux de capitalisation historiquement bas. En conséquence, les rendements de 2021 devraient atteindre des sommets inédits depuis 2010. Alors que l’Europe était à la traîne et que l’Asie suivait une trajectoire chaotique, les fondamentaux immobiliers ont bien résisté tandis que le déploiement des capitaux en faveur des revenus durables maintenait les rendements à un bas niveau.
En seulement 18 mois, l’économie mondiale a atteint la phase intermédiaire d'un cycle conjoncturel ordinaire. Pour la suite, MS Research prévoit un ralentissement de la croissance économique et un resserrement de la politique monétaire avec d’importantes différences d’une région à l’autre en fonction de la progression des variants du coronavirus et des campagnes de vaccination, des moteurs de croissance et des risques géopolitiques. Les fondamentaux immobiliers suivront le mouvement de décélération, mais la croissance des loyers restera supérieure à la tendance à court terme tandis que les taux de capitalisation suivront une évolution latérale, voire légèrement haussière sur certains marchés et secteurs à mesure que les prévisions de croissance marqueront le pas.
Les répercussions structurelles de la pandémie continueront également d’influencer les volumes et les catégories de biens immobiliers recherchés par les locataires. Alors que l’incertitude et les difficultés en termes d’occupation ont dominé en 2021, des effets plus permanents pourraient émerger en 2022 et 2023 au regard de l’utilisation de l’espace, des caractéristiques des biens et des emplacements privilégiés dans chaque secteur.
La croissance du PIB devrait rester solide, mais ralentira à mesure que l’économie s’approchera du millieu du cycle
Après un taux de croissance mondial de 6,1 %, Morgan Stanley (MS) Research table sur un ralentissement à 4,7 % en 2022. Même si elle s’inscrira en léger recul par rapport aux 5,5 % enregistrés en 2021, la croissance américaine devrait rester dynamique (4,6 % en 2022) grâce au soutien apporté par la consommation différée, la reconstitution des stocks et l’absence de freinage fiscal. À 4,6 %, la croissance en Europe et au Royaume-Uni devrait rester solide et équilibrée, comparable à celle des États-Unis et soutenue par un marché de l’emploi dynamique et une politique accommodante. À partir de 2023, les États-Unis devraient prendre la tête de la croissance des économies développées, comme c’était le cas avant la pandémie. En Chine, MS Research s’attend à ce que Pékin prenne des mesures pour contrecarrer le ralentissement marqué, mais prévoit toujours pour le moyen terme une croissance inférieure aux niveaux pré-pandémie. Le Japon devrait poursuivre sa normalisation économique et dégager une croissance supérieure à la tendance de 2,9 % en 2022. Cette évolution sera soutenue par une hausse des exportations de biens d’équipement, de produits technologiques et de voitures ainsi que par la reprise progressive des dépenses des ménages à mesure que les taux de vaccination augmenteront.
Source : MS Research, Stratégie, données au 16 novembre 2021
Pénurie de l’offre de main d’œuvre : essentiellement un problème américain
Les tensions sur le marché de l’emploi sont préoccupantes, notamment aux États-Unis où les pénuries y sont les plus fortes. Malgré une forte demande et l’augmentation des salaires, le taux de participation de la main d’œuvre reste 170 pb au-dessous des niveaux pré-pandémie. Toutefois, le taux de participation des 25-54 ans devrait augmenter de 40 pb en 2022 et de 30 pb supplémentaires en 2023 sous l’effet de l’amélioration des dispositifs de garde d’enfants, de la baisse des risques de santé et de l’augmentation des salaires. En revanche, dans la zone euro, le marché de l’emploi a relativement bien résisté à la pandémie avec un taux de participation de seulement 0,7 pp au-dessous des niveaux pré-pandémie à la fin du 2e trimestre notamment grâce au recours au chômage partiel. Le Royaume-Uni fait moins bien que la zone euro, mais mieux que les États-Unis avec un taux de participation 100 pb au-dessous des points hauts du premier semestre 2020.
L’inflation devrait restée élevée en 2022
Les chiffres de l’inflation ont atteint des niveaux record aux États-Unis et en Europe, contraignant la Réserve fédérale à changer de cap. L’inflation devrait rester forte une bonne partie de l’année 2022, puis amorcer un mouvement de décélération soutenu par le report des dépenses de consommation des biens vers les services, moins inflationnistes, l’apaisement des tensions sur les chaînes d’approvisionnement et le recul des prix de l’énergie.
Aux États-Unis, l’effet des perturbations des chaînes d’approvisionnement sur les prix devrait s’atténuer dans les trimestres à venir, mais les facteurs déflationnistes seront compensés par l’augmentation continue des loyers et des salaires, ce qui devrait maintenir l’inflation globale au-delà des niveaux pré-pandémie jusqu’en 2023. MS Research prévoit une inflation de 3 % aux États-Unis, de 2,3 % au Royaume-Uni, de 1,4 % en Europe et de 1,2 % au Japon (au T4 2022 par rapport au T4 2021).
Source : Morgan Stanley Research, données à novembre 2021
Source : Real Capital Analytics, Stratégie MSREI, données à septembre 2021
Resserrement de la politique monétaire
Nous devrions assister à une normalisation et à un resserrement de la politique monétaire en phase avec l’environnement économique de mi-cycle et en raison des tensions inflationnistes persistantes. La Réserve fédérale a accéléré la réduction de son programme d’achat d’actifs qui devrait prendre fin en mars 2022. Par ailleurs, la Fed a prévu trois relèvements de taux de 25 pb en 2022, trois autres en 2023 et deux de plus en 2024. La Banque d’Angleterre et la Banque du Canada s’apprêtent également à relever leurs taux d’intérêt. La courbe des taux américaine a commencé à se pentifier avec des taux longs qui ont atteint 1,74 % le 6 janvier 2022 et qui, selon MS Research, devraient poursuivre leur trajectoire haussière pour s’établir à 2,1 % au T4 2022, avant que la hausse des taux directeurs n’entraîne un aplatissement de la courbe à partir de 2023.
Les tensions persistantes au niveau de l’offre (de biens et de main d’œuvre) ainsi que l’augmentation du nombre et de la gravité des cas de contamination au nouveau variant Omicron constituent les principaux risques pour le scénario globalement optimiste de Morgan Stanley (+ 40 pb au-dessus du consensus).
Les contraintes liées à l’offre qui ont freiné la croissance et dopé l’inflation en 2021 pourraient tout à fait persister, voire s’aggraver. Dans un tel scénario, la croissance subirait un ralentissement marqué, l’inflation évoluerait à la hausse et le resserrement monétaire serait plus brutal. Compte tenu de l’augmentation rapide des taux de vaccination, déjà relativement élevés, et du fait que la plupart des pays ont pris le parti de « faire avec le Covid », le risque de nouveaux confinements généralisés, et donc d’un arrêt brutal de l’activité économique, est relativement faible.
Source : Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale, Morgan Stanley Research, données à décembre 2021
La diminution de l’univers d’investissement immobilier renforcera la concurrence au niveau des actifs « core »
Dans l’environnement de taux bas, la pondération du capital affecté à l’immobilier devrait continuer d’augmenter avec la quête de rendement des investisseurs. Alors que l’industrie, le secteur résidentiel et la santé se taillent la part du lion en termes d’allocation, les bureaux « core » et les secteurs de niche tels que les logements pour étudiants/seniors commencent à susciter davantage d’intérêt malgré les difficultés d’occupation rencontrées en 2021. En parallèle, les investisseurs continuent de désintéresser des commerces, des bureaux secondaires et des hôtels d’affaires.
Accélération des prix
Les prix de l’immobilier industriel et résidentiel ont littéralement flambé, non seulement sous l’effet de la compression des taux de capitalisation induite par l’appétit insatiable des investisseurs, mais aussi de l’augmentation significative des loyers, notamment aux États-Unis. En dehors de Londres, l’accélération des prix de l’immobilier industriel en Europe a été essentiellement alimentée par la baisse des taux de capitalisation. La hausse des loyers n’a pas suivi le mouvement, mais devrait amorcer un rattrapage dans les années à venir. En Asie, les prix et les loyers ont suivi une trajectoire plus modeste, ce qui suggère un certain potentiel haussier.
À l’autre extrémité de l’échiquier immobilier, les bureaux ont connu une hausse des prix beaucoup moins conséquente avec des divergences encore plus marquées d’une région à l’autre. Par exemple, les taux de capitalisation ont continué de diminuer sur le marché des bureaux en Allemagne, alors qu’ils ont augmenté sur le segment des villes-portes aux États-Unis, une évolution particulièrement sensible au niveau des actifs non stabilisés car la généralisation attendue des modèles de télétravail a accru l’incertitude concernant la demande future.
Source : Green Street Advisors, PMA, Stratégie MSREI, données à octobre 2021
Les fondamentaux pourraient converger dans l’ensemble des secteurs, mais rester disparates entre les marchés
Dans toutes les régions, les fondamentaux du marché immobilier ont été affectés par la pandémie à des degrés divers. Le secteur industriel continue d’afficher la meilleure performance, profitant de la forte demande de location stimulée par une accélération de l’e-commerce et la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement. La pénurie d’offre, la hausse des revenus et les prix inabordables des biens proposés à la vente ont propulsé les fondamentaux du secteur résidentiel. Après avoir été dopés par les bouleversements structurels provoqués par la pandémie, les fondamentaux de ces deux secteurs devraient s’atténuer avec l’augmentation de l’offre, la diminution des surfaces demandées par les locataires industriels et la baisse de la demande de logements collectifs compte tenu du niveau élevé des loyers.
Après avoir souffert du climat d’incertitude et de problèmes d’occupation en 2021, les bureaux devraient afficher des taux d’utilisation plus élevés en 2022. Mais alors que les employés tendent à privilégier le mode de vie à la santé, les modèles de travail hybrides pourraient devenir la norme, ce qui entraînera une baisse de la demande de bureaux de 10 à 15 % avec des écarts significatifs entre les régions d’une part, et au niveau des emplacements et des caractéristiques des biens d’autre part. Les fondamentaux ont également commencé à s’améliorer pour certaines sous-catégories de biens commerciaux et hôteliers, notamment les centres commerciaux de catégorie A et les hôtels axés sur les loisirs.
Secteur industriel
ACCÉLÉRATION SIGNIFICATIVE DES PRIX, ATTRAIT ÉLEVÉ DES STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT
Fondamentaux d’exploitation
Source : JLL, Stratégie MSREI, octobre 2021
Source : CBRE, BNP Paribas, JLL, Stratégie MSREI, données à octobre 2021.
Stratégies d’investissement
Secteur résidentiel
L’AMÉLIORATION SPECTACULAIRE DES FONDAMENTAUX DEVRAIT S’ATTÉNUER AVEC LE RÉÉQUILIBRAGE DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE
Fondamentaux d’exploitation
Source : Census Bureau, Moody's Analytics, Stratégie MSREI, données à octobre 2021
Source : U.S. Census Bureau, Moody's Analytics, Stratégie MSREI, novembre 2021
Stratégies d’investissement
Bureaux
ÉCARTS DE PERFORMANCE SIGNIFICATIFS
Fondamentaux d’exploitation
Source : Baromètre Kastle du retour au travail dans les bureaux, Google Mobility Trends, PCA, Stratégie MSREI, octobre 2021
Source : PMA, Stratégie MSREI, août 2021
Stratégies d’investissement
Hôtels
DE L’ALPHA RÉÉVALUÉ AU BÊTA AXÉ SUR LA CROISSANCE
Fondamentaux d’exploitation
Stratégies d’investissement
Secteurs de niche attirant l’intérêt
Fondamentaux d’exploitation
Source : Costar ; Bidwells, Stratégie MSREI, mai 2021
Stratégies d’investissement
Immobilier commercial
L’IMMOBILIER COMMERCIAL SE REDRESSE
Fondamentaux d’exploitation
Source : RCA, Stratégie MSREI, données à octobre 2021
Source : Greenstreet, PMA, Stratégie MSREI
Stratégies d’investissement
Les considérations ESG restent prioritaires
Les gestionnaires d’investissement doivent rester axés sur la gestion de l’empreinte environnementale des actifs immobiliers qu’ils acquièrent et gèrent afin de réduire les impacts environnementaux négatifs tout en optimisant l’efficacité et la valeur pour les investisseurs, les locataires et la communauté au sens plus large. Les initiatives visant la sécurité des bâtiments, la contamination existante, l’alimentation en énergie et l’efficacité énergétique, les inondations, les émissions de GES, la qualité de l’air intérieur, les risques naturels, la distribution d’eau et l’efficacité hydrique doivent être surveillées en permanence. Ces considérations ESG sont désormais pleinement intégrées dans les décisions d’investissement, de souscription, de gestion d’actifs et de vente/détention de biens. Par ailleurs, MSREI estime que des occasions se présenteront de repositionner les actifs existants sur des critères ESG plus stricts.
Conclusion
Morgan Stanley Real Estate Investing (MSREI) estime que l’environnement immobilier global se caractérisera par des rendements attractifs pour les investissements à valeur ajoutée/opportunistes dans les années à venir, à la faveur de la forte hausse des loyers dans certains secteurs (immobilier résidentiel, industriel), de la compression des taux de capitalisation (soutenue par les taux d’intérêt bas) et d’un certain degré de revalorisation (notamment dans les secteurs plus fortement touchés par la pandémie). Dans ce contexte, MSREI estime que les perspectives et la connaissance des marchés locaux ainsi que la présence et les relations sur ces marchés, combinées à la capacité à gérer activement les actifs pour dégager une croissance du bénéfice d’exploitation net seront déterminantes pour dégager des rendements corrigés du risque attractifs.